La mort de Dessalines : fin d’un rêve ou naissance d’un nouveau système ?

Nous avons récemment eu l’honneur de tenir une causerie sur l’un des moments les plus déterminants de l’histoire haïtienne, autour de la question : “La mort de Dessalines : fin d’un rêve ou naissance d’un nouveau système ?”. Cette rencontre, animée par M. Beaulière comme intervenant et Barby PIERRE comme modérateur, a offert une perspective approfondie sur l’héritage du père fondateur de la nation haïtienne, Jean-Jacques Dessalines, et les leçons qui en découlent pour notre époque contemporaine.

L’intervention a permis de revisiter l’impact de Dessalines sur la construction de l’identité haïtienne, en partant de la lutte pour l’indépendance jusqu’à sa mort tragique en 1806. Un premier point soulevé par le conférencier fut la rupture fondamentale introduite par Dessalines dans l’ordre colonial mondial. En proclamant l’indépendance d’Haïti, Dessalines n’a pas seulement renversé l’esclavage et le colonialisme français, il a aussi posé les fondements d’un État libre où l’égalité et la liberté devaient être les piliers essentiels. La portée de cette rupture ne concernait pas uniquement Haïti, mais avait un écho puissant dans le monde entier, notamment dans les sociétés en proie à l’esclavage et au colonialisme.

Le massacre des colons français, souvent sujet de controverses, a également été abordé sous un angle nuancé. Loin d’être un simple acte de vengeance, il s’inscrivait dans une stratégie plus large de consolidation du pouvoir et de sécurisation de la nouvelle nation haïtienne contre toute forme de retour au joug colonial. M. Beaulière a montré comment cette action a été cruciale dans la préservation de l’indépendance fraîchement acquise, faisant écho à des dilemmes contemporains sur les mesures radicales prises pour préserver la souveraineté des États.

Le débat a ensuite exploré la construction de l’État haïtien sous Dessalines. Sa mort n’a pas simplement marqué la fin d’une ère, mais plutôt le début d’une transition vers un nouveau système républicain, avec Alexandre Pétion prenant la tête d’une Haïti divisée entre ses élites mulâtres et noires. M. Beaulière a souligné que la vision républicaine qui a suivi la disparition de Dessalines n’était pas une trahison de ses idéaux, mais plutôt une évolution inévitable face aux défis internes de la nouvelle nation. Toutefois, cette transition a vu apparaître des divisions sociales et politiques, dont les répercussions se font encore sentir aujourd’hui, en témoignant les luttes internes qui ont marqué les débuts de la République.

Un argument central de l’intervention fut la persistence de l’idéal dessalinien au-delà de sa mort physique. Si l’homme a été assassiné, son rêve d’une Haïti libre, prospère et juste continue de hanter la conscience collective haïtienne. En effet, M. Beaulière a rappelé que la mort de Dessalines a non seulement symbolisé la fin d’un cycle révolutionnaire, mais aussi la naissance d’un défi : celui de traduire ses idéaux en réalités institutionnelles. Le rêve d’une société où la justice et l’égalité ne sont pas des slogans mais des principes fondateurs reste à concrétiser.

Un point crucial de cette réflexion fut le rôle primordial que l’éducation doit jouer dans cette quête. Dessalines, bien que général et homme de guerre, comprenait l’importance de l’instruction comme levier de transformation sociale. Aujourd’hui, dans un contexte où l’insécurité et la pauvreté sévissent, l’éducation demeure le vecteur le plus puissant pour forger une Haïti nouvelle, ancrée dans la fierté de ses racines et ouverte à des horizons de développement. L’intervenant a insisté sur l’urgence de former des générations de jeunes Haïtiens à la fois conscients de leur passé et capables de contribuer activement à un avenir meilleur.

Face à cette réalité, l’intervenant a aussi mis en exergue le rôle des organisations de la société civile, en particulier des institutions comme JEACHA, dans la promotion d’une éducation pour tous. Il a fait un appel vibrant à la jeunesse haïtienne, leur demandant de s’approprier l’héritage de Dessalines non pas simplement en tant que figure historique, mais comme un modèle d’action et de leadership. L’éducation n’est pas seulement une clé pour le développement économique, mais elle est également un vecteur de libération mentale et sociale, un instrument capable de transformer les inégalités profondément enracinées dans notre société.

Enfin, l’intervention a souligné l’importance de promouvoir les œuvres littéraires haïtiennes et de nourrir le débat autour des enjeux nationaux, afin de cultiver une conscience critique qui puisse orienter la société vers des réformes nécessaires. Le rêve de Dessalines pour une Haïti forte, unie et souveraine repose désormais sur les épaules de cette nouvelle génération, à qui il incombe de poursuivre la lutte, non par les armes, mais par le savoir, la solidarité, et l’engagement pour une Haïti meilleure.

Commission Lectorat de JEACHA

 

1 réflexion sur “La mort de Dessalines : fin d’un rêve ou naissance d’un nouveau système ?”

  1. Christnoude BEAUPLAN

    Merci JEACHA pour ce beau travail 🙌🙌
    Celui qui ne connait pas son histoire, son origine ne sera jamais capable de défendre l’ultime cause. Merci pour cette belle approche 👌👏

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